J’ai un regard d’amour sur la personne en détresse, un regard d’affection. On aide la personne pour la renforcer. Il faut encourager la personne, car elle ne doit pas rester dans l’inaction. Et toujours lui parler avec honnêteté, sans jamais avoir de jugement.
J’en ai la chair de poule. Je revois certaines personnes, certains visages…
Toutes ces vies qu’on me racontait, j’en ai les larmes aux yeux encore aujourd’hui.
Bien des fois, c’étaient des jeunes, des jeunes seuls, pas écoutés. Je leur disais de rester dans la ligne droite, je leur apportais un modèle de vie, mais jamais de morale! J’insistais sur le fait qu’il ne fallait pas végéter. Ces jeunes qui venaient le visage pâle, ils demandaient à manger, quelle institution pouvait les aider ? Et nous alors on les aidait, on les guidait…
Être bénévole, c’est apporter de l’écoute, chaleureuse et affectueuse, faire parler la personne, et être sans jugement. En fonction de ce que la personne va nous dire, analyser comment nous pouvons lui parler sans la brusquer, et comment la conseiller. Essayer de renforcer son idée de la vie. Il ne fallait jamais avoir de comportement rigide, mais encourager gentiment. C’est de cette écoute-là, dont ils avaient besoin. Des fois, je pleurais, tellement j’étais touchée.
C’était fort. Quand je les écoutais, les conseillais, quand ils me racontaient leur vie.
Et ensuite, ils revenaient, me dire «Claudine, j’ai trouvé du boulot !». Vous ne pouvez pas savoir comme ça me faisait du bien, comme ça me rendait heureuse. Un sentiment de joie et de contentement, très net. C’était ça, mes plus belles victoires. Heureuse de voir comment ces personnes pouvaient s’en sortir. Il y a avait tellement de détresse. Ça remet les pendules à l’heure à l’Humain, on se plaint beaucoup trop, pour des banalités.
Certains jeunes étaient parfois rejetés par leur famille, étaient si seuls.
Le principal, c’est d’avoir une relation humaine avec les gens, tous les gens, quelque soit la nationalité. Et une Empathie pour cette population qui est en détresse. L’être humain, c’est sacré, quel qu’il soit… Vous ne pouvez pas savoir ce que j’ai reçu
à Marseille et à Toulouse. Cette population que j’aidais, je la respectais. On faisait des
formations, je les appliquais, mais c’était surtout ma Nature, je suis comme ça.
Un diplôme de reconnaissance…
… pour tout le travail fait à Toulouse, puis à Marseille. C’est un diplôme qui reconnait tout ce qu’on a fait. Moi, j’étais tous azimuts, je donnais les colis, aidais les dossiers en cours. J’ai beaucoup donné, donné beaucoup d’amour.
Quand je suis partie de Toulouse pour Marseille, tout le monde pleurait. A Toulouse, je faisais des maraudes la nuit et l’après-midi, on allait à l’hôpital, c’étaient les bibliothèques de la Croix Rouge. Et on passait dans toutes les chambres pour demander aux patients s’ils voulaient un livre. Et quel souvenir alors ? C’était un jour, où il faisait chaud, et la porte d’une chambre était entrebâillée. Je vois un homme sur le lit, je le salue, lui propose de la lecture «un petit policier, pour se changer les idées monsieur ?» et là je vois un policier qui passe la tête à l’entrebâillement de la porte…. C’était un détenu sur le lit, il était surveillé… Le policier m’a souri. Quand je pense à cette histoire encore aujourd’hui, je ris, je ris…